Depuis une vingtaine d’années maintenant, l’Amérique lutte activement contre un nouveau fléau, un problème de santé publique qui préoccupe le gouvernement autant que l’épidémie de Covid 19, c’est la crise des opiacés, qui frappe aveuglément sur tout le continent Nord-Américain, et a déjà fait plus d’un demi-million de victimes.
L’année dernière, les morts par surdose de médicaments opiacés ou de dérivés de l’héroïne sont loin devant les morts par arme à feu, 82.000 contre 17.000 aux Etats-Unis, et le Canada pleure 34.455 victimes.
En cause, une véritable boulimie de médicaments opiacés, prescrits légalement et en masse depuis les années 90 par des médecins soucieux de soulager les douleurs de leurs patients, mais sans rien connaître de leurs effets secondaires, ni de la dépendance qu’ils induisent.
La situation est devenue incontrôlable, et les autorités ne savent plus à quel saint se vouer pour renverser la vapeur.
Il y a 4 ans de cela, le gouvernement a traîné l’un des principaux responsables devant la Justice.
Le laboratoire américain Purdue a été lourdement condamné et a mis la clé sous la porte, mais rien à faire, c’était trop tard, les américains étaient devenus dangereusement dépendants aux antidouleurs.
Derrière Purdue se cache une famille, une dynastie même, avec qui la justice n’en a pas encore fini.
Leur nom est moins célèbre que celui d’un Gates, d’un Walton ou d’un Rockefeller : c’est Sackler, mais vous avez peut-être déjà entendu parler d’eux comme de la famille la plus diabolique d’Amérique[1], sous le nom évocateur d’empereurs de la douleur[2] ou comme les pires dealers de l’histoire[3], des expressions qui ne laissent aucune place au doute : en Amérique, comme partout ailleurs, on ne les aime pas beaucoup.
Pourtant leur histoire commençait bien.
Purdue Pharma a révolutionné la prise en compte et le traitement de la douleur, et ses fondateurs sont surtout restés célèbres pour leurs combats menés au nom de l’accès aux soins pour tous, ou pour les incroyables collections d’art qu’ils ont généreusement offertes à de grandes institutions culturelles, partout dans le monde.
Les Sackler ont fait fortune grâce à un médicament révolutionnaire, un best-seller, l’OxyContin, qu’ils n’ont même pas découvert, et qui les a menés des sommets du gotha New Yorkais directement jusqu’en enfer, au vu de tous, et en quelques mois seulement.
Aujourd’hui, j’ai envie de vous raconter l’histoire des Sackler, ce clan uni autour de trois patriarches devenus milliardaires qui ont bouleversé le secteur médical dans les Etats-Unis d’après-guerre.
Leurs descendants ont parfaitement appliqué les principes et les méthodes mises au point par leurs aïeuls, ils ont peut -être même exagéré un peu, et aujourd’hui, ils doivent affronter face à face les inimaginables conséquences de leurs actions.
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