Dans une récente interview, la banque centrale néerlandaise (DNB) affirme avoir rééquilibré ses réserves d’or, par rapport au PIB, avec celles des autres pays de la zone euro et hors d’Europe. Cela a été une décision politique. En cas de crise financière, le prix de l’or montera en flèche et les réserves officielles d’or pourront être utilisées pour soutenir un nouvel étalon-or, selon la DNB. Ces déclarations confirment ce que j’écris ces dernières années sur la préparation des banques centrales à un nouvel étalon-or international.
Une banque centrale qui a un objectif principal – maintenir la stabilité des prix – ne remplirait-elle pas mieux son mandat en communiquant que la monnaie qu’elle émet est fiable en toutes circonstances ? En affirmant que l’or sera la valeur refuge de choix en cas d’effondrement financier, la DNB avoue que sa propre monnaie (l’euro) ne résistera pas à toutes les tempêtes. Indirectement, la DNB encourage les gens à posséder de l’or pour se protéger des chocs financiers, rendant ainsi plus probable la transition vers un système monétaire basé sur l’or.
Comment se préparer à un Gold Standard
Dans mon dernier article sur ce sujet : « L’Europe prépare un étalon-or mondial depuis les années 1970. » Partie 2 « – J’ai démontré que les banques centrales des moyennes et grandes économies de la zone euro ont équilibré leurs réserves officielles d’or, proportionnellement au PIB, pour se préparer à un étalon-or (système de ciblage du prix de l’or). Mon analyse a été reconstituée à partir de rares cotations des banques centrales et de données sur les avoirs européens en or et en devises. Ma conclusion était que plusieurs économies de taille moyenne en Europe (les Pays-Bas, la Belgique, l’Autriche et le Portugal) ont vendu de grandes quantités d’or entre le début des années 1990 et 2008 pour rivaliser avec la France, l’Allemagne et l’Italie. J’ai écrit ceci :
Il semblerait qu’il existe des lignes directrices dans la zone euro pour que les banques centrales nationales détiennent une quantité d’or appropriée par rapport au PIB.
Dans un autre article, j’ai révélé qu’au début des années 1990, la Banque populaire de Chine (PBoC) achetait l’or que DNB vendait. En vendant de l’or, l’Europe permettait aux pays en développement d’acheter de l’or et de rivaliser avec l’Occident. La Chine a également exprimé sa volonté de rapprocher davantage ses réserves d’or de la taille de son économie, tout comme les Européens, et donc des moyennes internationales. Extrait du journal néerlandais « NRC Handelsblad » en 1993 :
La Chine a annoncé qu’elle s’efforçait de renforcer ses réserves [d’or] afin de les rapprocher davantage de la taille de son PIB.
Ce qui précède, ainsi que la confirmation la plus récente par la DNB du nivellement des réserves, impliquent qu’il existe des accords internationaux sur la répartition des réserves d’or.
Des réserves d’or uniformément réparties à l’échelle internationale sont une condition préalable à une transition en douceur vers un étalon-or. Si certains pays possèdent trop d’or et d’autres pas assez, comme ce fut le cas dans les années 1970, un nouvel étalon-or se révélerait déflationniste, car ceux qui possèdent trop peu d’or seraient obligés d’en racheter, ce qui ferait grimper le prix réel de l’or. Tant que les réserves officielles d’or sont réparties de manière égale, le prix nominal de l’or peut être augmenté jusqu’à ce qu’il convienne à tous les pays, avant d’introduire un nouveau système.
Un autre signe que l’Europe s’est préparée à un nouvel accord sur l’or est le rapatriement de plusieurs pays. Dans la zone euro, l’Allemagne, les Pays-Bas, la France et l’Autriche ont rapatrié (et redistribué) leurs lingots pour des raisons de sécurité, tout en conservant une part substantielle de leurs actifs sur des marchés liquides comme celui de Londres. De plus, l’Allemagne, la France et la Suède, que nous connaissons bien, ont amélioré les lingots d’or qui ne respectaient pas les normes actuelles du secteur du commerce de gros, de sorte que désormais tout leur métal peut être échangé instantanément.
Enfin et surtout, la communication des banques centrales européennes sur l’or est devenue sans équivoque claire et franche. Déclarant que « l’or est le fondement de la stabilité du système monétaire international » ( Allemagne ), « l’or est une excellente protection contre l’adversité » ( Italie ), « l’or est… considéré comme la réserve de valeur ultime » ( France ) et l’or « peut jouer un rôle stabilisateur… en période de changements structurels dans le système financier international ou de crises géopolitiques profondes » ( Hongrie ). Des déclarations remarquables de la part d’entités chargées de garantir la stabilité financière.
La Banque centrale néerlandaise se montre honnête quant à sa stratégie sur l’or
Lorsque j’ai interrogé les banques centrales européennes sur l’obligation légale d’égaliser leurs réserves d’or, deux d’entre elles ont répondu qu’une telle obligation n’existait pas. Ce qui est étrange étant donné l’alignement évident des réserves au cours des dernières décennies, illustré dans les graphiques ci-dessous, et les nouveaux commentaires de la DNB.
DNB fournit une explication dans l’interview susmentionnée en révélant que sa politique en matière d’or est définie en consultation avec son actionnaire, le ministère des Finances des Pays-Bas. L’idée d’équilibrer les réserves d’or a été conçue pour la première fois dans les années 1970, puis mise en œuvre du début des années 1990 jusqu’en 2008. En l’absence d’obligation légale pour les banques centrales européennes d’équilibrer leurs réserves, les germes de leurs actions ont pu être trouvés dans leurs gouvernements respectifs.
Mes demandes d’accès à l’information (FOI) sur ce sujet, soumises à DNB n’ont jamais donné de résultats car DNB est exempté de telles demandes. Cette semaine, j’ai envoyé des FOI au ministère néerlandais des Finances pour découvrir quels accords de politique sur l’or les gouvernements ont conclus au niveau international. À suivre.
Source: zerohedge