Nous avons tendance à considérer la crise alimentaire mondiale comme quelque chose qui se produit à l’autre bout du monde. Il est tout à fait vrai aussi qu’il existe actuellement de vastes hordes de personnes pauvres qui ont désespérément besoin de nourriture dans d’autres régions de la planète, car la faim se propage dramatiquement dans les pays les plus pauvres. Mais la vérité est que la faim se propage également rapidement aux États-Unis. Selon un rapport qui vient d’être publié par l’USDA, 44 millions d’Américains vivent désormais dans des « ménages en situation d’insécurité alimentaire »…
Le nombre de personnes vivant dans des ménages en situation d’insécurité alimentaire aux États-Unis en 2022 est passé à 44 millions, dont 13 millions d’enfants, selon un rapport publié aujourd’hui par le ministère américain de l’Agriculture (USDA). Il s’agit d’une augmentation de 31 % pour tous les individus et de 44 % pour les enfants par rapport à l’année précédente, le taux et le nombre d’individus et d’enfants les plus élevés depuis 2014 et la plus forte augmentation sur un an de l’insécurité alimentaire depuis 2008.
Alors, qui sont exactement les « ménages en situation d’insécurité alimentaire » ?
C’est simplement une manière politiquement correcte de dire qu’ils n’ont pas assez à manger.
Comme le montrent le taux d’augmentation global et le taux d’augmentation du nombre d’enfants, la faim a explosé aux Etats-Unis.
Selon ce nouveau rapport, aux États-Unis, un enfant sur cinq, vit désormais dans un foyer en situation d’insécurité alimentaire…
« L’USDA a publié des données montrant qu’aux États-Unis, 1 personne sur 7, dont 1 enfant sur 5, vit dans des ménages en situation d’insécurité alimentaire », a déclaré Claire Babineaux-Fontenot, PDG de « Feeding America ». « Cette nouvelle est déchirante, mais malheureusement elle n’est pas surprenante. Les personnes confrontées à la faim nous ont fait savoir que la fin des efforts de secours en période de pandémie et le coût élevé de la nourriture ont eu un impact sur leur capacité à joindre les deux bouts. Je vois moi-même les longues files d’attente lorsque je voyage à travers le pays. Les banques alimentaires signalent qu’elles subissent des pressions croissantes de la part des deux côtés : le nombre croissant de personnes en situation d’insécurité alimentaire et la diminution de l’approvisionnement en aliments nutritifs à distribuer. Les dons de nourriture et les collectes de fonds ont diminué depuis la pandémie, et même si nous savons que l’USDA s’efforce d’aider, cela n’a tout simplement pas été suffisant.
Un sur cinq !
Après avoir lu cela, comment peut-on prétendre que nous ne sommes pas confrontés à une crise alimentaire ?
Et il est important de garder à l’esprit que ce nouveau rapport reflète clairement les conditions de 2022.
Dans quelle mesure les chiffres de cette année sont-ils pires ?
Comme je l’ai évoqué la semaine dernière, le « Wall Street Journal » a rapporté que les SFD aux États-Unis ont augmenté au rythme le plus rapide jamais enregistré cette année.
Et la demande auprès des banques alimentaires dans tout le pays a atteint des niveaux sans précédent.
Malheureusement, les États-Unis ne sont pas les seuls à souffrir.
À l’heure actuelle, nous sommes aux premiers chapitres de la pire crise alimentaire mondiale de l’histoire moderne.
Selon le Programme alimentaire mondial de l’ONU , la guerre, les « chocs économiques », les conditions météorologiques insensées et la flambée des prix des engrais « se combinent tous pour former une tempête parfaite pour créer une crise alimentaire d’une ampleur sans précédent ».
La situation est particulièrement désastreuse en Afrique. Nous avons atteint un point où au moins les trois quarts de la population totale du continent ne peuvent pas se permettre une alimentation saine…
Au moins les trois quarts des Africains ne peuvent pas se permettre une alimentation saine, et un cinquième sont sous-alimentés en raison d’une « crise alimentaire sans précédent », ont indiqué les agences des « Nations Unies » dans un rapport publié jeudi avec la Commission de l’Union africaine.
Au Soudan, 42 % de la population est désormais confrontée à une insécurité alimentaire aiguë, mais la plupart des habitants du monde occidental ne savent même pas que cela se produit…
Depuis le début du conflit en avril 2023, l’insécurité alimentaire aiguë au Soudan s’est fortement accrue, aggravant encore une crise nutritionnelle déjà alarmante.
Avant le conflit, l’insécurité alimentaire atteignait son niveau le plus élevé depuis une décennie, avec 11,7 millions de personnes (un quart de la population) confrontées à une faim aiguë. Le Soudan comptait l’un des plus grands nombres de personnes en situation d’insécurité alimentaire d’urgence ( IPC4 ), avec 3,1 millions de personnes directement impactées.
Selon la mise à jour de mi-année du Rapport mondial sur les crises alimentaires, en raison du conflit, 8,6 millions de personnes supplémentaires au Soudan sont confrontées à des niveaux élevés d’insécurité alimentaire aiguë.
Il s’agit d’une augmentation de 74 % depuis le pic de 2022, portant le total à 20,3 millions de personnes ( 42 % de la population ) en phase 3 de l’IPC ou plus entre juillet et septembre 2023.
Si vous n’avez jamais regardé « Alone », je vous encourage de regarder quelques épisodes afin d’avoir une idée de ce qui peut arriver au corps humain après plusieurs semaines où il n’y a pas assez de nourriture disponible.
Car il semble que la crise alimentaire mondiale va encore s’aggraver en 2024.
Le riz est l’un des aliments de base les plus importants pour des milliards de personnes dans le monde, et les prix du riz ont grimpé en flèche ces derniers mois…
Les prix du riz sont sur le point d’atteindre de nouveaux sommets depuis 15 ans, alors que les effets néfastes du phénomène climatique « El Nino » à travers l’Asie ont endommagé les terres agricoles, entraînant une diminution des approvisionnements.
Le riz blanc thaïlandais cassé à 5 % a atteint 640 $ la tonne cette semaine. Ces prix retrouvent des niveaux jamais vus depuis octobre 2008. Les prix sont en hausse de plus de 50 % depuis début 2022.
L’Inde avait déjà sévèrement restreint les exportations de riz, et maintenant elle a décidé de restreindre également les exportations d’oignons…
L’Inde a ajouté les oignons à la liste croissante des produits alimentaires de base soumis à des restrictions draconiennes à l’exportation, alors que le gouvernement cherche à contenir les prix intérieurs avant les élections nationales de l’année prochaine.
Les expéditions d’oignons à l’étranger seront interdites jusqu’au 31 mars, bien que les cargaisons de légumes dont le chargement a commencé avant la notification puissent toujours être exportées, a annoncé vendredi le gouvernement.
Les pays riches sont également confrontés à de très graves problèmes de production alimentaire.
Ici aux États-Unis, les prix du bœuf atteignent déjà des niveaux record, et l’USDA nous prévient que la production de bœuf continue de baisser…
L’USDA prévoit que la production de bœuf diminuera de 180 millions de livres sur une période de six mois d’ici la fin de 2023, tandis que l’Insider a noté que la taille moyenne des troupeaux est à son plus bas niveau depuis 61 ans alors que les agriculteurs ont du mal à nourrir leurs animaux.
Au Royaume-Uni, « l’une des récoltes de pommes de terre les plus faibles jamais enregistrées » suscite énormément d’inquiétudes…
Les agriculteurs britanniques sont aux prises avec l’une des récoltes de pommes de terre les plus faibles jamais enregistrées après un automne de fortes pluies, ce qui fait craindre pour les approvisionnements pour les dîners de Noël de cette année et au-delà.
Les experts préviennent également que les supermarchés pourraient être contraints d’augmenter leurs importations de légumes tels que le brocoli et le chou-fleur, augmentant ainsi l’impact environnemental du repas de Noël. Ils pourraient chercher des pommes de terre jusqu’en Égypte à partir de l’année prochaine.
En France, les autorités tirent la sonnette d’alarme face à une résurgence de la grippe aviaire…
La France a relevé mardi le niveau de risque de grippe aviaire de « modéré » à « élevé » après la détection de nouveaux cas de la maladie, obligeant les élevages de volailles à garder les oiseaux à l’intérieur pour endiguer la propagation du virus hautement contagieux.
La décision du ministère de l’Agriculture a été publiée mardi au Journal officiel.
La grippe aviaire a entraîné l’abattage de centaines de millions d’oiseaux dans le monde ces dernières années.
La pandémie de grippe aviaire a déjà anéanti plus de cent millions de poulets et de dindes aux États-Unis et en Europe réunis, et elle est désormais de retour de manière importante.
Alors, quel est le résultat final ?
En fin de compte, les approvisionnements alimentaires mondiaux vont devenir encore plus restreints et la crise alimentaire mondiale dévastatrice contre laquelle j’ai mis en garde dans mes livres a déjà commencé.
Un enfant américain sur cinq n’a déjà pas assez de nourriture à manger, et ce chiffre va inévitablement augmenter encore à mesure que cette crise alimentaire mondiale évolue lentement vers une véritable famine mondiale.
Source: theeconomiccollapseblog
