Dans le but de redynamiser une économie locale en berne, le gouvernement préfectoral d’Osaka a signé un deal avec le géant du divertissement américain MGM visant à ouvrir le premier casino resort de l’archipel japonais. Situé sur l’île artificielle de Yumeshima, ce complexe ultra-moderne comprenant hôtels, restaurants, magasins et parcs d’attractions devrait ouvrir ses portes d’ici à 2030. Ce projet ambitieux pourrait marquer le début d’une nouvelle ère dans ce pays d’Asie qui compte déjà plus de 10 millions de joueurs réguliers de pachinko, une machine à sous très appréciée des joueurs nippons.
Casino de Yumeshima : une collaboration entre MGM, Orix et Osaka IR
Depuis l’approbation de la loi autorisant l’implantation de casino sur le sol japonais en 2018, les autorités de la région d’Osaka ont tenté à plusieurs reprises d’obtenir des autorisations de construction de sites dédiés au divertissement. C’est finalement en avril 2023 que le projet du premier casino hôtel du pays verra le jour. L’initiative est le fruit d’une collaboration entre MGM Resorts International, spécialiste des jeux de hasard et propriétaire de célèbres casinos à Las Vegas, Orix, un investisseur japonais et Osaka IR (Osaka integrated resorts).
Selon un rapport de casinonavi.com, plus de 8,5 milliards de dollars ont été investis dans ce complexe touristique aux allures de resort futuriste, dont les travaux devraient finir à l’automne 2030. Le Japon est le dernier pays d’Asie à avoir légalisé les jeux d’argent sur son territoire et le futur casino d’Osaka devrait créer 15 000 emplois et générer plus de 3,4 milliards de dollars annuels, notamment grâce aux recettes des casinos. En plus d’accueillir un des plus grands “integrated resort” du pays, l’île artificielle de Yumeshima sera le site principal de la future Exposition Universelle de 2025. Une vitrine de choix pour la ville d’Osaka qui souhaite développer son tourisme MICE et attirer les nombreux joueurs d’Asie du Sud-Est, tout comme l’a fait la Chine avec Macao.
La culture du jeu au Japon
Malgré une longue période interdisant toute forme de jeu d’argent, la réglementation japonaise autorise néanmoins certains jeux de hasard, mais sous certaines conditions. Si les pays autorisant les jeux d’argent sur le web assistent à une émergence éclair des casinos en ligne, le pays du soleil levant, lui, reste fidèle aux jeux traditionnels comme la loterie ou les machines à sous.
Tara-Kuji, la loterie nationale japonaise
La loterie, apparue pour la première fois au 17ème siècle, est une activité de jeu tolérée dans l’archipel. Gérés par l’État, à l’instar de la Française des Jeux (FDJ) chez nous, les Takarakuji sont des loteries nationales dont les tickets peuvent s’acheter dans de nombreux points de vente du pays. En plus du méga jackpot annuel, le Jumbo Nenmatsu, les Japonais âgés de plus de 18 ans peuvent participer à des events tels le Jumbo Dream, le Mini Loto ou jouer au sukuratchi (jeux de grattage).
Pachinko, les machine à sous made in Japan
La législation en matière des jeux d’argent au Japon est une des plus strictes au monde. Tout investisseur qui souhaite ouvrir un casino légal doit montrer patte blanche pour pouvoir exercer ses activités. Mais la passion du jeu a poussé les joueurs japonais à contourner la loi pour s’adonner aux jeux de hasard. Les pachinkos, sorte d’hybride entre les machines à sous et les flippers, sont, au premier abord, des bornes de divertissement tout à fait normales. Seulement, pour ne pas être assujettis à une amende de 500 000 yens (environ 3340 dollars), les gérants de salles de jeux ont eu une idée de génie : faire gagner des lots et des cadeaux plutôt que de l’argent. De cette façon, la législation ne peut théoriquement rien faire contre le développement de ces salles de jeux qui attirent plus de 9 millions de joueurs japonais réguliers. Aussi, un marché parallèle s’est organisé autour de ces salles de jeux afin de troquer les cadeaux gagnés au pachinko contre de l’argent. Une pratique bien connue des Japonais qui dépensent plus de 18 milliards de yens (1,2 milliard de dollars) dans ces machines à sous “légales”.
Paris sportifs et courses hippiques
La loi japonaise autorise les paris sur certaines disciplines sportives. C’est le cas des keirin (courses cyclistes), des kyotei (course de bateaux) et des oto reesu (grand prix moto), qui génèrent des milliards de yens chaque année. Les joueurs nippons aiment pronostiquer sur des événements tels que la Japan Cup, la Naha Hari Dragon Race ou sur le championnat moto GP.
Casinos au Japon : un marché potentiel de 125 millions de consommateurs
Le projet de casino resort sur l’île de Yumeshima devrait ouvrir la voie à d’autres investisseurs étrangers, qui voient cette partie de la ville comme un futur Las Vegas. Le développement de ce quartier d’Osaka pourrait concurrencer directement le territoire chinois de Macao, qui est depuis devenue la capitale mondiale du jeu. En plus d’attirer une clientèle venue de Singapour, de Corée ou de Chine, les promoteurs espèrent séduire le marché japonais et ses 125 millions d’habitants. Après le groupe MGM, on a pu voir que d’autres sociétés de divertissements comme Wynn Resorts, Las Vegas Sands et Genting Singapore s’intéressaient de très près aux possibilités de développement sur le sol japonais.
Malgré la future inauguration du premier casino resort de Yumeshima, les Japonais attendent que la législation s’assouplisse, car selon la loi en vigueur, ils ne peuvent aller que trois fois au casino par semaine et pas plus de dix fois dans le mois. Ces restrictions devraient s’assouplir avec le temps ; le secteur de jeux de hasard représente une manne financière extrêmement intéressante qui pourrait aider à relancer l’économie du pays.