Rubino insiste sur un point souvent négligé : l’essentiel n’est pas que Moody’s ait abaissé la note de crédit des États-Unis de Aaa à Aa1, mais que ce pays bénéficie encore d’une note d’investissement malgré un endettement de 125 % de son PIB. Pour lui, cela frôle l’absurde. Il estime qu’une véritable crise monétaire est déjà inscrite dans le scénario en cours. Ray Dalio, à ses yeux, voit juste. Les agences de notation justifient cette note par le fait qu’un État disposant d’une planche à billets ne peut jamais faire défaut : il peut toujours créer de la monnaie pour payer ses dettes, et ce, indéfiniment. L’or, lui, ne se dévalue pas au gré des impressions massives de billets.
Mais cette logique est trompeuse. En imprimant de la monnaie pour rembourser des obligations, on provoque inévitablement une dépréciation de la devise. Résultat : les créanciers sont remboursés avec une monnaie affaiblie — une forme de défaut, déguisée mais bien réelle. Or, les agences ne prennent en compte qu’un seul type de défaut, celui où l’État cesse purement et simplement de payer. Elles ignorent cette érosion progressive du pouvoir d’achat. C’est pourquoi Rubino avertit : il ne faut pas acheter d’obligations américaines. Certes, les États-Unis continueront à payer les intérêts, mais ceux-ci ne compenseront plus l’inflation. Mieux vaut acheter de l’or maintenant que de subir une perte réelle déguisée.
À cela s’ajoute une remontée continue des taux d’intérêt. Les taux hypothécaires à 30 ans sont repassés sous la barre des 7 %, ce qui, selon Rubino, reflète un retour brutal à des niveaux intenables. La Fed, pourtant, avait promis plusieurs baisses de taux cette année. Si les taux augmentent malgré ces annonces d’assouplissement, cela signifie que la Réserve fédérale perd le contrôle des marchés. Et si elle ne peut plus contrôler les taux, le système financier est en danger. L’or physique reste l’un des derniers bastions de confiance dans un système qui vacille.
Rubino attire aussi l’attention sur le cas extrême du Japon, où les obligations à très long terme — 40 ou même 50 ans — s’effondrent. Autrefois à 0 %, leurs taux dépassent aujourd’hui les 3 %. Une telle hausse est colossale. Mais le Japon n’est pas seul : les États-Unis, l’Europe, le Royaume-Uni et la Chine reproduisent les mêmes erreurs. Nous serions ainsi dans les premières phases d’une spirale de mort monétaire : les taux montent, les États perdent la main, et les dettes deviennent exponentielles… jusqu’à l’effondrement total. L’or devient une nécessité stratégique dans ce jeu final où tout peut s’écrouler.
Nous n’en serions encore qu’à la troisième manche de ce scénario, selon Rubino. Mais les dernières vont être terrifiantes. Il annonce des crises monétaires sans précédent dans l’histoire moderne. Pour les passionnés d’or, cela pourrait être une période exaltante — pour tous les autres, une époque de grande instabilité. Posséder de l’or dès maintenant, c’est anticiper la tempête avant qu’elle ne déferle.
Rubino prévoit que le prix de l’or dépassera largement les 10 000 dollars l’once. Il mise aussi sur une envolée de l’argent métal. Il explique que l’argent, en tant que métal industriel, est en déficit : la demande excède la production, ce qui entraînera une pénurie. Même sans l’envisager comme une monnaie, la demande industrielle justifie déjà l’achat d’argent. Mais pour se positionner efficacement, l’or reste le choix prioritaire et universel. L’argent reste également une alternative..
Rubino ne pense pas que les États-Unis basculeront dans la guerre civile. En revanche, il estime que l’Europe s’enfonce dans l’autoritarisme et que le conflit y est bien plus probable — sauf si la Russie intervient militairement avant. Il considère que l’Amérique s’en sortira peut-être mieux, mais pas sans chaos, sans trouble et sans un gigantesque réajustement financier à traverser. Dans cette transition périlleuse, l’or pourrait devenir l’arme de stabilité ultime.