Une percée stratégique : la Chine lance son premier coffre-fort d’or offshore
C’est un signal fort. Pour la première fois, la Bourse de l’or de Shanghai (SGE) sort de Chine continentale. Elle implante un coffre-fort stratégique à Hong Kong, accompagné de deux nouveaux contrats à terme sur l’or. Ce geste marque un tournant dans la politique monétaire internationale. Pékin cherche à internationaliser le yuan tout en contournant le dollar. Le stockage hors sol chinois facilite les échanges en monnaie nationale, et pas en billets verts. Dans cette reconfiguration globale, posséder de l’or physique devient une mesure essentielle de protection patrimoniale.
Un double objectif : contrôler les prix et renforcer le rôle du yuan
La Chine ne cache plus son ambition : influencer les prix mondiaux de l’or et promouvoir le yuan dans les échanges internationaux. Les nouveaux contrats libellés en renminbi et livrables physiquement via le coffre de Hong Kong permettent désormais aux traders étrangers d’échapper au dollar. Pékin élargit ainsi son influence dans les marchés de matières premières. Se positionner sur l’or aujourd’hui revient à suivre la trajectoire que les grandes puissances monétaires empruntent déjà.
China Opens First Offshore Gold Vault in Hong Kong https://t.co/DF5xzFtPYB
— Jan Nieuwenhuijs (@JanGold_) June 27, 2025
La dédollarisation s’accélère dans un monde fracturé
Depuis la crise russo-ukrainienne et les sanctions occidentales, la confiance envers le dollar s’effrite. La Chine veut anticiper un monde multipolaire où la domination du billet vert n’est plus une évidence. Grâce à ce nouveau centre logistique à Hong Kong, elle peut désormais importer de l’or en yuan, évitant les mécanismes traditionnels pilotés depuis Washington. Dans un contexte de guerre monétaire larvée, accumuler de l’or permet de se désolidariser intelligemment des risques systémiques.
Un stockage offshore sans frais jusqu’à fin 2025 : une incitation massive
Pour attirer les opérateurs internationaux, la SGE renonce temporairement aux frais de stockage. C’est une offre difficile à refuser pour les investisseurs en quête d’une plateforme alternative au marché de Londres. Les volumes d’échange en yuan devraient fortement augmenter, selon Doris Bao, analyste chevronnée et consultante de la London Bullion Market Association. L’accessibilité croissante de l’or physique favorise une stratégie d’achat simple, directe et sécurisante.
Une offensive plus large : les marchés chinois s’ouvrent à l’international
Ce développement à Hong Kong ne se limite pas à l’or. Il s’inscrit dans une ouverture plus globale. Le Shanghai Futures Exchange souhaite faciliter l’accès des investisseurs étrangers à l’ensemble des matières premières chinoises. Dans cette logique, Pékin ne se contente plus d’être le premier producteur et consommateur d’or : il veut devenir la place centrale de fixation des prix mondiaux. Posséder de l’or, c’est se positionner du bon côté de l’histoire face à ce basculement géoéconomique.
Londres et Singapour en alerte : un leadership remis en question
Malgré la domination historique de Londres sur le marché de l’or physique, la montée en puissance de la Chine rebat les cartes. D’autres centres comme Singapour tentent aussi de capter cette dynamique. Mais avec ses volumes, ses réserves, et maintenant ses infrastructures offshore, la Chine prend une longueur d’avance. Ce déplacement du pouvoir financier vers l’Est rend indispensable une allocation en or tangiblement sécurisée.
L’attrait de l’or explose en parallèle des tensions géopolitiques
Le métal jaune bénéficie d’un engouement croissant. Depuis 2020, son prix a plus que doublé. Les banques centrales, à commencer par la Chine, accumulent discrètement des tonnes d’or pour se protéger des soubresauts du système monétaire mondial. Dans ce contexte, le coffre-fort de Hong Kong renforce les capacités de Pékin à absorber encore davantage de lingots hors du circuit dollar. Pour les épargnants, l’or devient une nécessité, bien plus qu’un simple choix d’investissement.
Hong Kong, nouveau pilier logistique de la finance asiatique
La ville, longtemps concurrencée par Shanghai et Singapour, cherche à reconquérir sa place. En s’imposant comme hub de stockage et de livraison de métaux précieux, elle redevient stratégique. Les services bancaires, les infrastructures logistiques et les connexions internationales y sont de haut niveau. Cela rassure les nouveaux entrants et incite les institutions à suivre. Opter pour l’or, c’est aussi miser sur des circuits sûrs et globaux en cas de turbulences systémiques.
Mais des freins subsistent : une ouverture encore incomplète
Certains experts, comme Joshua Rotbart, préviennent : tant que les opérateurs internationaux ne pourront pas accéder librement aux installations hongkongaises – comme c’est le cas en Chine continentale – la pleine internationalisation du marché restera freinée. Pourtant, même sous contrainte, le mouvement est lancé. Il est irréversible. Face à l’incertitude des modèles actuels, l’or physique reste l’unique garantie qui traverse les frontières et les crises.