Le prix du préservatif augmente avec la hausse de la TVA, qui passe de 13 à 23%. Cette mesure, qui touche plusieurs produits médicaux, devrait aggraver la crise sanitaire en Grèce.
La lutte contre le VIH ne semble pas être une priorité en Grèce. L’augmentation de la TVA de 13 à 23%, réclamée par les créanciers et effective à partir du lundi 20 juillet, ne dispense pas les préservatifs d’une élévation des prix. Les Grecs devront donc payer leur moyen de contraception plus cher, s’ils en ont les moyens. Conséquence directe de cette mesure, une partie de la population aura un accès réduit au préservatif, ce qui a fait réagir Yanis Mameletzis, membre de l’Organisation Mondiale de la Santé :
Should condoms be treated like other health commodities? Greek govt and EU think not. @HIVpxresearch @GlobalFund @gnpplus @MSMGF #IAS2015
— Yannis Mameletzis (він/його) 🇺🇦🍉🕊🦠🧬 🎾 (@mylittlebaklava) July 20, 2015
Les préservatifs doivent-ils être considérés comme les autres produits médicaux ? Le gouvernement grec et l’UE ne pensent pas.
Le VIH en constante progression
Depuis 2009, la succession des mesures d’austérité s’est traduite par d’importantes coupes dans le budget de l’Etat, et le secteur sanitaire n’échappe pas à la crise que traverse le pays. Comme le montrait le journal britannique The Lancet en février 2014, les programmes de prévention et de traitements des drogues ont été considérablement impactés. Dans le même temps, les seringues et les préservatifs chez les consommateurs ont respectivement chuté de 10 et 24%.
Conséquences immédiates de ces réductions budgétaires, le nombre de porteurs du VIH a considérablement augmenté entre 2008 et 2012, comme le montre le graphique ci-dessous, réalisé par le journal spécialisé dans la santé.
La situation critique de la Grèce est d’autant plus flagrante lorsqu’on la compare à celle d’autres pays européens. Dans le graphique suivant, le site Buzzfeed compare l’évolution du virus VIH en Grèce, en Allemagne, et au sein de l’Union Européenne depuis 1990. Si le nombre de personnes atteintes augmente partout, les chiffres explosent littéralement en Grèce à partir de 2010.
L’Etat grec impuissant
La transmission du VIH est une question sensible en Grèce, alors qu’une loi permettant aux autorités d’imposer des tests de dépistage a été abrogée en avril dernier. Instaurée en 2012, la loi 39A a conduit à une centaine d’opérations de police, visant principalement des prostituées et des immigrés présentés comme des « bombes sanitaires », révélait le New-York Times en juillet 2013. Le documentaire « Ruines » de Zoé Mavroudi revient sur cette sorte de « chasse aux sorcières » à l’encontre de personnes séropositives.
Alors que le préservatif est le moyen de contraception le plus efficace pour réduire les transmissions de maladies sexuellement transmissibles, les difficultés croissantes pour s’en procurer ne font qu’aggraver une situation sanitaire déjà critique.
Source: i>télé