Selon les dernières prévisions de l’OCDE, le chômage va baisser en France mais moins vite qu’espéré, pas avant « la fin de l’année 2016 ». L’Unédic — organisme qui gère l’assurance chômage en France — table pourtant sur une légère baisse dès fin 2015 et plus prononcée en début d’année prochaine.
La fameuse et tant attendue inversion de la courbe du chômage pourrait encore se faire attendre. L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a publié ce lundi 9 novembre ses prévisions d’automne. Et l’organisation offre un bilan contrasté pour l’économie française. Selon ses calculs, le Produit intérieur brut (PIB) français devrait grimper de 1,1% cette année, là où elle attendait 1% lors de son dernier exercice de prévision en septembre, soit un léger mieux.
Mais l’Organisation a dans le même temps baissé sa prévision pour 2016, à 1,3%, contre 1,4% en septembre. Et creuse ainsi l’écart avec le gouvernement qui attend 1,5% de croissance l’an prochain (taux jugé nécessaire par la majorité des économistes pour faire baisser durablement le chômage). « Le taux de chômage devrait commencer à décliner doucement fin 2016 », ajoute l’OCDE, qui table pour la France sur une « accélération des investissements » devant donner à la reprise « une base plus saine ».
Ce calendrier est beaucoup moins optimiste que celui dressé en octobre par l’Unédic. Dans ses dernières prévisions, l’organisme tablait sur une légère baisse du chômage d’ici à la fin de l’année 2015, avant une baisse plus nette sur l’ensemble de l’année en 2016. Une première depuis 2007. Selon l’organisme, après avoir vu affluer 70.900 nouveaux chômeurs depuis janvier en métropole, Pôle emploi devrait en recenser 8.900 de moins d’ici à la fin de l’année. Sur l’ensemble de l’année, le nombre de demandeurs d’emploi sans activité (catégorie A) augmenterait ainsi de 62.000 personnes, après 189.000 supplémentaires en 2014.
L’horizon s’éclaircirait encore plus nettement en 2016, avec 51.000 chômeurs en moins. Il s’agirait de la première année de baisse depuis 2007, juste avant la crise financière mondiale. Le scénario de l’Unédic conforte le président François Hollande, qui a assuré à plusieurs reprises qu’il ne briguerait un second mandat qu’en cas de baisse « crédible » du chômage en 2016.
L’organisation y va de ses recommandations au gouvernement français, qui serait selon elle bien inspiré de réduire la part des dépenses publiques en pourcentage du PIB, et qui aurait une « large marge de manœuvre pour améliorer le système fiscal » en baissant les cotisations, en supprimant des niches et en « augmentant les taxes écologiques ». L’OCDE appelle aussi la France à « simplifier les régulations, les procédures administratives et particulièrement le droit du travail ».
Manuel Valls a annoncé la semaine dernière une refonte du Code du travail sur deux ans. Une « révolution », selon lui, qui commencera dès 2016 par le chapitre consacré au temps du travail, mais sans toucher à la référence 35 heures. Cette mission a été confiée à l’ancien garde des Sceaux, Robert Badinter. Dans un ouvrage publié au printemps, le socialiste proposait de réduire à 50 articles le Code du travail devenu « obèse » et qui, avec ses 8.000 articles, joue contre l’emploi.
A la fin septembre, 3,55 millions de demandeurs d’emploi sans activité (catégorie A) étaient inscrits à Pôle emploi (-0,7% sur un mois). En incluant l’outre-mer, le nombre de chômeurs inscrits à Pôle emploi s’élève à 3,81 millions (-0,6% sur un mois). Sur quatre mois (juin-septembre), le chômage en catégorie A est en légère baisse (-0,1%), mais reste en hausse de 3,1% sur un an.
Les chiffres du chômage de septembre sont moins bons si l’on intègre les demandeurs d’emploi ayant exercé une petite activité. Avec eux, le chômage reste à des niveaux records : 5,42 millions en métropole, 5,73 millions en France entière. « C’est le signe qu’avec l’amélioration de l’activité, les chefs d’entreprise utilisent dans un premier temps des emplois précaires. C’est peut-être les prémices de la guérison » sur le marché de l’emploi, avait expliqué fin octobre Éric Heyer, économiste à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE). Selon lui, « on observe clairement une stabilisation du chômage, qui devrait se traduire par une baisse début ou mi-2016 ».
En huit ans, 1,6 million de chômeurs supplémentaires se sont inscrits à Pôle emploi, dont plus de 630.000 depuis l’élection de François Hollande.
L’OCDE a ce lundi également baissé ses prévisions de croissance mondiale pour 2015 et 2016, comme elle l’avait déjà fait en septembre, se disant « profondément préoccupée » de la faiblesse du commerce international, dont la Chine est un pivot. Elle attend désormais une croissance mondiale de 2,9% cette année, contre 3,0% espéré auparavant, puis 3,3% l’an prochain, contre 3,6% attendu auparavant.
Source: boursorama