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samedi 3 mai 2025 - 13:40

Où sont passés les milliards russes après la vente des obligations américaines ?

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Où sont passés les milliards russes après la vente des obligations américaines ? Voilà la question qui est posée par cet article de l’agence russe Sputnik. Et c’est une bonne question !

La réponse est assez simple : les Russes vendent les obligations américaines qu’ils détiennent et achètent de l’or, du yuan et de l’euro avec l’idée de base d’échapper au maximum aux sanctions économiques américaines, car la justice US ira saisir les obligations détenues par la Russie sous prétexte qu’elle commerce par exemple avec l’Iran.

Les Chinois ne peuvent pas faire la même chose car la volumétrie détenue par Pékin n’est pas la même. Si demain les Chinois revendent 50 % des obligations américaines qu’ils ont en portefeuille, c’est le krach obligataire dans la seconde. Mais ils allègent progressivement et achètent de plus en plus d’actifs tangibles de par le monde… en les achetant contre des dollars !!

Charles SANNAT

Trois sujets liés à Moscou suscitent toujours une attention réelle voire un étonnement sincère de la presse financière et des experts étrangers.

Le mystère principal que les journalistes financiers occidentaux tentent de résoudre est le suivant : pourquoi l’économie russe ne s’est-elle pas écroulée malgré les sanctions sans précédent de l’Occident ? Si cette tendance persistait, le mème de la « mystérieuse économie russe » pourrait se retrouver, dans la noosphère occidentale, à côté de celui sur la « mystérieuse âme russe ».

Un autre sujet d’inquiétude pour le monde est le succès russe en ce qui concerne la prise de contrôle de l’OPEP, que les Américains avaient créée pour promouvoir leurs propres intérêts. Aujourd’hui, les journalistes américains blaguent avec amertume en disant qu’il est probablement temps de rebaptiser l’OPEP en ROPEP, car l’organisation est menée par la Russie qui préfère ignorer les tweets de Donald Trump exigeant de faire immédiatement baisser les prix du pétrole.

Enfin, il faut évoquer le sujet des réserves russes d’or et l’obsession de la Banque centrale qui achète ce métal précieux pour élargir ses stocks. Comme les réserves russes dépassent déjà celles de Pékin, les analystes occidentaux supposent que cette stratégie pourrait s’inscrire dans le cadre des préparatifs à une explosion ou à un reformatage radical du système monétaire international, suite auquel l’or serait le seul « outil financier » capable non seulement de préserver sa valeur, mais aussi de l’augmenter.

On a constaté la semaine dernière des événements qui devraient élargir cette liste et devenir un autre sujet de débats. Suite à la publication des récentes données du ministère américain des Finances, tous les experts réfléchissent aux raisons de la Russie qui s’est débarrassée en avril – les dernières données du ministère américain ne concernent que ce mois – de la moitié de son portefeuille d’obligations américaines.

Alors que les amateurs russes de tout ce qui est occidental affichent ouvertement leur satisfaction et soulignent que le marché n’a même pas remarqué la liquidation de la moitié du portefeuille russe, d’autres remarquent sèchement que cette liquidation a coïncidé de manière étrange avec la chute des prix des obligations américaines. Autrement dit, le marché n’a rien ignoré mais a été en mesure de « digérer » cette vente d’obligations pour 47,4 milliards de dollars.

La «dédollarisation» s’intensifie: la Russie troque ses bons du Trésor US contre de l’or Face aux taxes douanières US, la Chine menace de réduire ses achats de bons du Trésor US…

Certains médias russes soulignent que le ministère américain des Finances ne fait aucune distinction entre le statut des propriétaires des obligations et ne mentionne que le montant total pour chaque pays. Autrement dit, ils suggèrent que toutes les ventes n’ont probablement pas été initiées par la Banque centrale russe.

En réalité, on peut raisonnablement affirmer que la majorité – voire la totalité – des obligations a été vendue par la Banque centrale russe, et pas par d’autres détenteurs nationaux.

Selon les statistiques de la FED, elle a enregistré en avril une chute notable du volume des obligations que les banques centrales étrangères détenaient sur ses comptes. Cela constitue une preuve indirecte, mais assez tangible, du fait qu’il s’agit d’une liquidation de la moitié du portefeuille des obligations américaines appartenant à l’État russe.

Le plus intéressant dans toute cette histoire est que le montant estimé des réserves russes de change a augmenté en avril de 1,3 milliard de dollars. Cela dément donc les suppositions selon lesquelles ces ventes s’expliqueraient par la nécessité de combler d’urgence un trou financier. Les obligations américaines ont été vendues pour réinvestir les fonds obtenus dans d’autres actifs.

Comme la Banque centrale publie ses rapports concernant la gestion des réserves avec un retard considérable, nous ne connaîtrons l’objectif de ces réinvestissements que dans six mois. On peut pourtant déjà évoquer plusieurs scénarios possibles.

La version la plus conservatrice serait que la vente des obligations américaines – elle pourrait même concerner tout leur volume, car nous n’avons pas encore vu les données de mai – s’expliquerait par la seule volonté de minimiser le risque de leur saisie dans le cadre des sanctions américaines.

La tentative éventuelle de confisquer (ou de geler) le portefeuille russe d’obligations américaines se solderait par des dégâts colossaux pour les marchés financiers américains et les capacités du ministère des Finances d’emprunter afin de contrebalancer le déficit budgétaire qui ne cesse de croître. L’administration Trump a pourtant déjà plus d’une fois affiché son mépris envers le bon sens et la gestion des risques à long terme, ce qui pourrait donc justifier la liquidation d’une partie ou de la totalité du portefeuille russe.

Si cette dernière n’était qu’une mesure défensive, on verrait parmi les possessions de la Banque centrale russe d’autres actifs en dollars, stockés hors de la juridiction américaine et gérés probablement à l’aide d’une structure « tampon » telle que le système européen Euroclear. Un scénario alternatif : la Banque centrale aurait investi dans les outils financiers émis par des organismes non-américains. Il est pourtant assez difficile de trouver un volume aussi important d’outils non-américains en dollars.

Les réseaux sociaux et les médias supposent que les fonds obtenus grâce à la vente des obligations américaines ont été utilisés pour soutenir Rusal, qui a énormément souffert à cause des sanctions, notamment pour racheter ses dettes en dollars. Il n’aurait cependant pas été nécessaire de vendre les obligations américaines pour 47 milliards de dollars : 8,5 milliards auraient été parfaitement suffisants. On aurait pu le considérer comme un investissement voire comme une « nationalisation souple », mais il s’agit visiblement dans ce cas-là d’un projet plus important.

Le scénario le plus radical et le moins crédible est celui d’une révision sérieuse du rapport des devises dans les réserves de change russes. Les autorités auraient donc considérablement réduit la part du dollar grâce à la vente des obligations et à l’achat de titres dans d’autres monnaies, probablement en euro. Ce scénario est le plus intéressant du point de vue des analystes occidentaux, dont certains considèrent ces manœuvres financières russes comme une répétition des actions similaires de la Chine.

Cette perspective devient encore plus intéressante dans le contexte de l’échec évident des négociations entre les États-Unis et la Chine concernant la prévention de la guerre commerciale – dans le cadre de cette dernière, le portefeuille chinois d’obligations américaines pourrait être un équivalent financier de l’arme nucléaire.

Si Moscou supposait ou était certaine que Pékin pourrait lancer des mesures si radicales, la vente rapide du paquet russe d’obligations américaines aurait été un moyen de protéger ses fonds avant que la Chine ne frappe le marché financier américain. Si c’est exactement la raison des actions radicales de la Banque centrale russe, on ne peut que saluer sa vision et espérer que la Russie ne subira pas les conséquences les plus dures de la guerre commerciale internationale du type « tous contre tous ».

Source: insoleniaeVoir les précédentes interventions de Charles Sannat

12 Commentaires

  1. Si vous avez des bons du trésor US vendez de toute façon c’est inévitable que ca vas ce cassé la gueule ! c’est devenue une monnaie de singe … même la Chine et d’autres s’en débarrasse en essayant que ca ne ce voie pas de trop ! c’est un signe qui ne trompe pas ! vendez vendez vendez … avant qu’il ne soit trop tard

  2. J’ai l’impression que les russes comprennent que le système économique globalisé n’est pas loin de son explosion.
    Quand à la guerre commerciale, Trump n’a pas d’autre choix, soit il réindustrialise son pays, soit celui-ci explose, sur près de 102 millions de chômeur pour près de 326 millions d’habitants, -20% de personnes n’étant pas en situation de travailler, âge, infirmité, etc…, cela fait:
    102M / (326M – ((326M / 100) x 20) x 100 = 39, 11 % de chômeurs réels aux U.S.A..
    Du nombre de chômeur, j’ai repris celui fournit ici même.
    les 20% sont, je le pense, une valeur basse.
    J’ai utilisé la toute bête règle de trois qui est le B.A..BA des mathématiques du tout les jours: (a * b / c = y).
    L’hyper-production de dollar, ainsi que de quasiment toutes les autres monnaies, sont aussi à prendre en compte.
    Le reste, en ce qui concerne les États-Unis-d’Amérique, n’a que l’importance qu’on y porte, seul ces deux fait expliquent les raisons de la politique de ce pays: il est ruiné.

    • Propos frappés au coin du bon sens que les vôtres.
      Trump n’a effectivement pas d’autres choix que la politique qu’il mène actuellement, et les commentateurs soi-disant spécialistes seraient bien inspirés de prendre en compte le bilan de ses prédécesseurs, tout comme celui du FMI : un désastre. Les mêmes poussent des cris d’orfraies sur le supposé danger Trump, voire celui italien, comme si la situation n’était déjà pas catastrophique et les élections qu se suivent et renforcent chaque fois des partis dits populistes n’avaient aucun rapport avec une quelconque réalité.

  3. Ils achètent massivement des ETF Or américaines arrivant à terme un peu plus cher que leur prix de cotation et en exigent la livraison. Chinois et Indiens en font autant.

    • Il n’a jamais été aussi haut, trois fois rien ! Il se passe quoi pour les dettes plus anciennes avec des taux nettement plus bas voire négatifs ? Mince alors ! T’y comprends rien, pas vrai ? Lol !

  4. pour garantir son indépendance et préservé son capital la Russie a bien raison de ce débarrassé du dollars et des bon du trésor américain un pays en faillite et qui ne paiera jamais ces dette d’ailleurs les autres pays serait bien inspiré dans faire autan et l’investir dans l’euro yuan rouble l’or physique

  5. les russes vendraient avant que leurs obligations ne soient saisis par des sanctions américaines….. Les chinois possèdent eux énormément plus de bons du trésor américain, 1200 milliards de dollars, je lisais hier……..
    Serait il possible que les USA gèlent les avoirs chinois dans le cadre de sanctions pour empêcher la chine de les vendre et de provoquer un krach obligataire pour les USA ? mais alors la confiance dans les USA serait finie et ils n’arriveraient quand même plus à se financer…..
    La guerre commerciale n’apportera pas de solutions et l’économie mondiale actuelle nous mène dans le mur….. alors que choisiront de faire les américains… la guerre tout court ?

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