Caracas s’est enfoncée dans une grave crise alimentaire dont elle ne semble pas trouver d’issue. Le travail au noir des contrebandiers et des bachaqueros connaît une réelle explosion que tente de limiter le gouvernement vénézuélien, en multipliant les mesures restrictives. Sans qu’aucune amélioration de la situation n’ait été constatée, le président Nicolas Maduro prévoit la fin de la pénurie en août. La chute du cours de pétrole et l’endettement du pays auprès des entreprises privées annonce à l’inverse, une aggravation de la crise économique.
L’ensemble des restrictions gouvernementales n’a pas résolu la grave pénurie qui sévit depuis de nombreux mois au Venezuela. Au contraire, cela a amené à la revente de produits introuvables sur le marché au quintuple de leurs prix. Nelly Rosario, retraitée de 57 ans, passe en moyenne 6 à 7 heures par jour dans les longues queues qui se forment devant les supermarchés. Comme elle, les Vénézuéliens n’ont pas d’autres choix pour acheter de l’huile, du papier toilette ou de la viande. Ces produits peuvent aussi se trouver dans la rue à des prix très élevés ; mis sur le marché par des revendeurs qui se sont multipliés dans le pays.
Appelés bachaqueros, du terme de bachaco, une fourmi rouge qui attaque les plantations en s’emparant des feuilles qu’elle porte sur son dos, ils enlisent le pays dans une crise alimentaire sans précédent. Tout comme cet insecte destructeur, les bachaqueros vident les supermarchés et pharmacies pour revendre les produits en moyenne cinq fois plus chers. « Les gens ont trouvé le moyen de faire de l’argent grâce à la pénurie » explique Nelly Rosario. Selon elle, l’expulsion des buhoneros, vendeurs ambulants, par le gouvernement actuel est une des causes de la revente de produits rares.
NOUVEAU MÉTIER : BACHAQUERO
Sans emploi ou retraités pour la plupart, les bachaqueros se lèvent à quatre heures du matin pour être parmi les premiers à l’entrée des supermarchés. Leur journée se résume à attendre debout durant des heures dans des queues d’une cinquantaine de mètres. Les Etats de Zulia et Tachira (Ouest) sont les plus affectés du fait de leur proximité à la Colombie où beaucoup de trafiquants exportent des produits vendus plus cher qu’au Venezuela.
Afin de lutter contre la pénurie, et de mieux contrôler le rationnement, le gouvernement de Nicolas Maduro a décidé de limiter les achats des Vénézuéliens à un jour par personne et par semaine. Selon le dernier chiffre de leur carte d’identité, les personnes disposent d’un jour assigné pour acheter les produits rationnés. Cette nouvelle mesure contraignante à l’égard des revendeurs a rapidement été contournée.
Nelly Rosario raconte « qu’en falsifiant des documents d’identité, les bachaqueros peuvent avoir en leur possession jusqu’à sept cartes d’identité et se rendre aux supermarchés tous les jours ». Le gouvernement vénézuélien a également instauré un système de reconnaissance d’empreinte digitale à l’entrée des commerces, particulièrement dans les pharmacies où la pénurie est la plus présente. La population n’a que deux options. Certains choisissent d’attendre leur jour de rationnement et font le tour des supermarchés afin de trouver les produits nécessaires, tandis que d’autres ne veulent pas sacrifier une journée de travail et achètent chaque produit à un prix très élevé.