Au début du mois de février, des craintes concernant l’inflation et la hausse des taux ont mis sens dessus dessous les marchés, en provoquant notamment la plus grosse baisse journalière de l’histoire du Dow Jones. Depuis, les marchés actions se sont redressés.
Un épisode similaire a eu lieu il y a exactement 10 ans, même si ceux qui s’en souviennent sont peu nombreux. En février 2008, l’effondrement d’un marché obscur avait précipité une telle vague de ventes paniquées. À l’époque, cet épisode avait été plutôt ignoré, car les marchés avaient récupéré assez rapidement.
Tout comme nous aurions dû être plus prudents en 2008, nous devrions être aujourd’hui sur nos gardes. Ces 2 événements sont des exemples de l’expression du « canari dans la mine ». Pourquoi ? Car ces 2 événements ont un dénominateur commun. Ils puisent leur source dans la crainte de voir la hausse des taux impacter de plein fouet les consommateurs endettés, le marché immobilier et plus globalement l’économie américaine.
Un rapport de recherches qui sera bientôt publié montre que les problèmes qui ont débouché sur la plus grande débâcle financière depuis la Grande dépression existent encore et toujours aujourd’hui.
Le canari dans la mine de 2008
Au milieu des années 2000, l’économie américaine semble être en grande forme. Mais 2 problèmes clés se cachent sous la surface : l’endettement excessif des ménages et la bulle immobilière.
Une partie du premier problème trouvait son explication dans les revenus réels des ménages. Ajustés à l’inflation, ils étaient inférieurs à ceux de la fin des années 90. Pour maintenir leur niveau de vie, les Américains se sont de plus en plus endettés, notamment grâce aux taux attractifs, ainsi qu’à des conditions d’octroi laxistes. La dette totale des ménages a grimpé de plus de 50 %, passant d’un peu plus de 8 trillions de dollars en 2004 à 12,69 trillions en 2008.
Ce qui nous mène au second problème. La plupart de cette dette consistait en des crédits hypothécaires. La bulle immobilière avait tellement gonflé que les prix inabordables des habitations surpassaient les revenus, poussant ainsi les banques à imaginer des solutions créatives pour prêter de l’argent à des gens incapables de rembourser.
À peu près au même moment, la FED a commencé à relever ses taux. Entre 2004 et 2006, le crédit est donc devenu plus cher. Cela a réduit la consommation vu qu’une partie toujours plus importante des revenus était consacrée au remboursement des dettes, ce qui provoqua un ralentissement de la croissance ainsi que du marché immobilier.
Pour certains observateurs, la prochaine récession, ou pire, n’est plus qu’une question de temps.
Les titres à enchères furent parmi les signes avant-coureurs les plus significatifs. À son pic en 2008, ce marché pesait 330 milliards de dollars. Les titres à enchères sont, en bref, des actifs constitués par la consolidation de crédits hypothécaires, de prêts étudiants et d’autres types de dette à moyen ou à long terme. En 2008, les vendeurs de ces titres organisaient chaque semaine des enchères hollandaises. Ils étaient notés AAA par les agences de notation.
Les investisseurs les aimaient, car leur rendement était bien plus élevé que les autres types de dettes à court terme notées AAA. Vu qu’il était facile de vendre ces actifs aux investisseurs, les emprunteurs pouvaient plus facilement avoir accès au crédit.
Mais, en février 2008, le marché a commencé à se réveiller. Cela a débuté avec les grandes banques d’investissement, responsables de garantir la liquidité de ce marché en passant à l’achat lorsque la demande est faible, mais qui se sont retirées, car de plus en plus de ménages avaient du mal à rembourser leurs dettes et que cela commençait à impacter leur profitabilité.
Cela a effrayé les investisseurs, qui ont senti le roussi. À la fin du mois, il n’y avait plus de ventes aux enchères, si bien que pour des milliards de titres étaient gelés. Jusqu’à aujourd’hui, ce marché n’a plus jamais opéré.
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Quelques mois après ce choc de février, les marchés globaux ont poursuivi leur chemin comme si de rien n’était, le Dow Jones battant un record en mai. Cependant, l’événement envoya une onde de choc dans l’économie, si bien que les investisseurs continuaient d’éviter les actifs liés aux crédits hypothécaires.
En septembre 2008, lorsque la banque d’investissement Lehman Brothers s’est effondrée en raison de ces titres, la grande récession démarrait.