L’économie contemporaine est remplie de vrais miracles. Le pouvoir d’achat dépend de la volonté des politiciens, la croissance se crée avec du crédit…
La presse nous annonce cette semaine beaucoup de choses extraordinaires. Ce doit être la saison qui veut ça. Commençons par la une des Echos du jeudi :
Remarquez la dernière des explications avancées : « La France résiste grâce aux gains de pouvoir d’achat résultant des mesures ‘gilets jaunes’ ».
Simone Wapler: Pourquoi Macron n’a pas fini de nous pomper Pierre Jovanovic: “Macron est en train de détruire les français, il va vider leurs poches !”
Cela m’a rappelé une petite brève que j’avais mise dans mon bêtisier économique le mois dernier.
L’Inde va enfin éradiquer la pauvreté. Le pouvoir d’achat tombe du ciel, voyez-vous. Il suffit de savoir distribuer de l’argent qu’on fabrique. Les imbéciles qui nous précédaient n’y ont pas pensé parce qu’ils s’accrochaient à des principes rigides. Du genre, on s’enrichit en produisant ce qui est utile. Ou encore, on dépense ce que l’on a préalablement gagné.
Pierre Jovanovic: “L’utilisation massive de la planche à billets est un suicide à terme !” Olivier Delamarche: “A force de faire tourner la planche à billets de plus en plus massivement, les gens vont finir par comprendre que les billets ne valent plus rien !”
Maintenant, toute une génération d’économistes sait bien que la croissance se crée à coups de crédit gratuit (c’est moins voyant que des bouts de papier-monnaie des expériences précédentes). La Théorie monétaire moderne : il n’y a que ça de vrai !
Miracle aussi en une du Figaro. Les camarades capitalistes chinois font très fort. Afficher 6,4% de croissance à crédit, ça fait rêver (pensez à ces pauvres Allemands et leur pitoyable 0,5%).
Pourquoi 6,4%, d’ailleurs ? Pourquoi le grand planificateur pékinois ne pourrait-il pas faire le double ou le triple… La « vanne du crédit » n’est pas limitée en débit, que je sache.
Tous les commentateurs et les planificateurs sont très sérieux sur ces sujets. Ils croient dur comme fer à leurs miracles.
Hier, j’ai passé plus d’une heure en tête à tête avec un énarque. Il pense que la monnaie est la clé de tout. Un pays doit pouvoir contrôler sa devise pour « ajuster » son économie. S’il n’est pas compétitif, il dévalue et hop, le tour est joué.Mais n’importe quel patron sait quand son entreprise n’est pas compétitive. Pourquoi ne ferait-il pas lui-même les ajustements nécessaires en baissant ses prix ou en améliorant sa qualité ? Pourquoi serait-ce mieux de s’en remettre à un fonctionnaire qui décidera d’un rabais général sur les prix en jouant avec la monnaie, pénalisant tout le monde en retirant du pouvoir d’achat (puisque les produits achetés à l’étranger, et notamment les carburants, se paient plus cher après une dévaluation) ?Si la dévaluation était la clé de la prospérité, pourquoi l’Italie, l’Espagne ou la France d’avant l’euro – pays abonnés à ce procédé – n’étaient-ils pas les pays les plus prospères du continent ?Je vous passe les miracles du jour de la presse étrangère. Les marchés montent, plus personne ne sait pourquoi d’ailleurs. Ou plutôt, si, tout le monde sait que c’est à cause du crédit bidon. Mais tant que ça fonctionne, pourquoi avoir peur ?
Il n’y a plus que quelques fossiles sceptiques pour conserver une certaine frilosité face à ce déluge de miracles. Des gens qui à un certain âge ont trouvé tout seul, sans avoir besoin de l’aide d’un législateur, que le Père Noël était une fake news.
Il semblerait que ces survivants d’une autre époque soient d’ailleurs plus nombreux en Allemagne qu’ailleurs. Le stock d’or privé des Allemands dépasse désormais celui de la Bundesbank. Ils en possèdent 8 918 tonnes, majoritairement chez eux, une augmentation de 250 tonnes en deux ans. Ces arriérés qui s’acharnent à vouloir des budgets équilibrés auraient-ils peur de la Théorie monétaire moderne ?
Effectivement, le seul vrai miracle ce serait qu’une génération paie les folies et les dettes de la précédente. Je n’y crois pas une minute…
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Simone Wapler est directrice éditoriale des publications Agora, spécialisées dans les analyses et conseils financiers. Ingénieur de formation, elle a quitté les laboratoires pour les marchés financiers et vécu l’éclatement de la bulle internet. Grâce à son expertise, elle sert aujourd’hui, non pas la cause des multinationales ou des banquiers, mais celle des particuliers.Elle a publié « Pourquoi la France va faire faillite » (2012), « Comment l’État va faire main basse sur votre argent » (2013), « Pouvez-vous faire confiance à votre banque ? » (2014) et « La fabrique de pauvres » (2015) aux Éditions Ixelles.
A l’attention des lecteurs du site BusinessBourse
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« Effectivement, le seul vrai miracle ce serait qu’une génération paie les folies et les dettes de la précédente. Je n’y crois pas une minute… »
Et vous avez raison de ne pas y croire. Le système de création monétaire par la dette, qui fait croire aux miracles à tous ces économistes, est conçu pour que les dettes s’accumulent de plus en plus.
En effet, pour ne pas avoir plus de destruction monétaire que de création monétaire, il faut avoir toujours plus d’emprunteurs que de personnes qui remboursent. C’est un système conçu pour faire toujours plus de crédits.
« Hier, j’ai passé plus d’une heure en tête à tête avec un énarque. Il pense que la monnaie est la clé de tout. »
Et il a raison, mais pas dans le sens où il l’entend. La clé est un changement radical du fonctionnement du système monétaire, et en particulier arrêter de créer de la monnaie à l’aide de crédits, notamment à l’aide crédits avec intérêt.
Ce système de création monétaire, en particulier quand il y a des intérêts à payer en plus du capital, n’est pas viable sur la durée, et est totalement incompatible avec un monde aux ressources fini, et donc avec notre planète.
Donc non effectivement la clé n’est pas de faire tourner la (fausse) « planche à billet » (puisque c’est juste des chiffres dans des bases de données informatiques), car au contraire cela ne fera à terme qu’aggraver la situation.
Par contre la clé est effectivement la monnaie, dans le sens où il faut changer totalement le fonctionnement du système monétaire pour arrêter de vivre sans arrêt à crédit contraint et forcé par le système de création monétaire par les crédits.
Bonjour Wapler,
Félicitation pour votre chronique de sarcasme qui reflète parfaitement le monde réel d’actuel. Peut-être que maintenant, il faut présenter les faits comme vous l’avez bien d’écrit. Il ne faut pas y avoir honte, c’est extrêmement bien dit. Notre Seigneur Jésus a lui aussi parlé à son époque en parabole pour tenter de faire comprendre à cette aristocratie ou cette oligarchie la vrai parole. Cette génération d’endormit qui vivent dans un monde imaginaire et qui emploi le « me my self » buvons aujourd’hui, car demain nous mourrons. L’histoire nous enseigne que tous ceux qui sont adonner à pratiquer cette philosophie ont tous péris dans le malheur. Malheureusement, vous faite parti de la ligné de Jean le Baptiste, « la voie qui crie dans le désert » vous avez beau crier les alertes, mais personnes semblent entendre. Ce n’est pas parce que vous n’êtes pas efficace ou que votre message est mal écrit. Non, nous sommes dans la génération du tout ce qui est mal est devenu « bien » et tout ce qui est bien est devenu « mal ». Il n’y a donc, rien à faire pour eux, ils seront envahi par les eaux de destructions tout comme au temps de Noé, le Déluge. Continuez à crier et à dénoncer l’idiotie des stupides, au temps de la détresse ils finiront par comprendre. Au plaisirs de vous relire bientôt!